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Radio France : Avec «Sibyl», William Kentridge interroge le destin

 

Jusqu’au mercredi 15 février, le Théâtre du Châtelet présente avec le Théâtre de la ville, « Sibyl » de William Kentridge. Une soirée en deux parties, qui nous plonge dans une réflexion autour du mythe de la prophétesse Sibylle.

Musique, danse, théâtre, littérature. Pour sa création qui réunit sur la scène du Châtelet de multiples formes d’art, William Kentridge a décidé de puiser dans la mythologie grecque et construit son œuvre autour de Sybille, réputée pour avoir le don de prophétie. « Il fallait se rendre dans l’antre de Sibylle avec une question. Combien de temps vais-je vivre ? Est-ce que je vais survivre au Covid ? Quel sera mon futur ?, rappelle William Kentridge. Cette question était écrite sur une feuille que l’on déposait à l’entrée de son antre. Ensuite, Sybille inscrivait sa réponse sur une autre feuille. Mais il y avait toujours du vent. Il était donc impossible de savoir si ce qui était inscrit sur la feuille ramassée, correspondait à son propre destin ou à celui d’un autre. »

Le spectacle est divisé en deux parties. La première est un ciné-concert qui invite le spectateur dans l’intimité de l’atelier de l’artiste sud-africain, la seconde, un opéra de chambre. Et toutes deux interrogent la notion de destin, qui résonne très étrangement depuis quelques années : « La pièce a été conçue avant la pandémie de Covid, et depuis, elle résonne évidemment différemment. L’anxiété, la mortalité, ce qui nous attend dans l’immédiat, tout ceci a désormais un sens nouveau. Et alors qu’on attend de la science qu’elle soit pleine de vérité, elle est devenue incertaine. Toutes nos certitudes se sont envolées. »


« Même le destin de la musique est incertain »

«Sibyl» est une commande de l’Opéra de Rome. Elle devait répondre à l’œuvre d’un autre artiste, célèbre pour ses mobiles, Alexander Calder. La musique est quant à elle signée Kyle Sheperd, compositeur lui aussi sud- africain. Il nous parle de la place qu’elle y occupe : « La musique est comme un coussin moelleux sur lequel reposent les messages et les images très denses de la pièce. Et j’’ai toujours aimé faire de la musique traditionnelle sud-africaine, parce que nous avons énormément de cultures et de langages différents. Dans cette pièce on retrouve l’influence de beaucoup de ces cultures ».

Derrière son piano, sur scène, Kyle Sheperd accompagne chanteurs et danseurs dans une mise en scène tout en cercles, en phrases et en mouvements. Pour explorer le mythe de Sibylle, qui lui parle particulièrement : « Vous savez, j’adorerais qu’on puisse retrouver une Sibylle ou un prophète pour lui demander : quel est mon destin ? La vie est tellement incertaine. Et en tant que musicien qui improvise, sur le moment je ne sais jamais quelle note va arriver. Donc même le destin de la musique est incertain, mais ça, ça me plait beaucoup. »

Pas besoin de Sibylle ou de prophète pour savoir si le spectacle vous plaira. Il suffit de se rendre dans l’antre du Théâtre du Châtelet. Où c’est sur scène, que les fragments de papier virevoltent.

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